Paroles de Saint Charbel
L'effusion du Saint-Esprit
 
Saint Charbel
 

Le 10 novembre 1994, l’Ordre Libanais Maronite et celui des Mariamites célébrèrent  le tricentenaire de leur fondation. Pour l'occasion, ils organisèrent dans tout le pays des festivités officielles et populaires, religieuses, spirituelles, artistiques, intellectuelles et sociales, les accompagnant de plusieurs publications.

La nuit de ce 10 novembre, comme à son habitude, M. Raymond Nader, un jeune homme marié, priait en plein air devant l’ermitage de Saint Charbel. Cette même nuit-là fut différente de toutes les autres nuits et pour cause. L’expérience particulière qu’il allait vivre et qui allait lui faire découvrir l’amour de Dieu en sa providence, va transformer sa vie de fond en comble. Voici son récit:

 

“J’étais en train de prier comme je le faisais depuis plusieurs années, devant l’ermitage de Saint Charbel  à Annaya. Sans que je sache comment, je me trouvai propulsé subitement dans un autre monde. Tout était devenu immobile. Je ne voyais plus ni mes bougies allumées, ni sol ni arbres; je n’entendais plus aucun son. Je ne sentais plus mon corps. Je voyais comme à travers d’autres yeux, j’entendais avec d’autres oreilles. Ce qui ne m’était jamais arrivé de ma vie. J’étais submergé par des émotions que je n’avais jamais connues. C’est comme si mon cœur n’était plus de chair ni de sang. Je me voyais baigné d’une lumière étrange qui ne ressemblait à aucune autre lumière habituelle, elle était plutôt une mer de lumière étendue d’un bout à l’autre de l’univers…tellement immense que le soleil, à comparer, semblait à peine une veilleuse… Ce n’était pas une lumière ordinaire car malgré toute son intensité, elle ne m’aveuglait pas, elle ne me brûlait pas. Elle était plutôt douce, tendre, forte et puissante à la fois. Elle avait la couleur du cristal transparent et très pure… Je me suis sentis très minuscule, nageant dans une mer de lumière splendide. J’étais comme un fœtus porté par les entrailles  de sa mère… Un sentiment ineffable d’émerveillement m’envahit.

 

Je ne saurais pas dire si j’étais debout, assis ou bien dans une toute autre position. Ce que je sais c’est j’étais en présence d’un Être suprême, irisé de lumière. Je sentais que j’étais enveloppé d’un amour immense de tendresse et en même temps, en communion avec tout l’univers, comme si je faisais un avec le cosmos.

 

Je me suis engagé dans une sorte de dialogue extraordinaire avec cette Présence lumineuse d’une manière étrange, car elle me parlait sans parole, sans aucun son, mais d’une façon plus éloquente que toute autre langue. Elle s’adressait directement à mon âme et à mon cœur, sans passer par mes oreilles ni par mes sens, d’ailleurs devenus invalides.

 

Je me suis dit: "je rêve…".  Elle m’a répondu en me faisant comprendre sans équivoque que je ne rêvais pas. J’ai pensé que j’étais sûrement inconscient. De la même façon précise et merveilleuse, elle m’expliqua que j’étais en ce moment-là au point culminant de l’éveil que je n’ai jamais connu de toute mon existence.

Je me demandais où j’étais, ce que c’était cette lumière, qui était mon interlocuteur. J’étais saisi par un sentiment de plénitude et de quiétude d’une telle intensité que mon bonheur était sans limite.

 

Ma sérénité était parfaite, baigné par un amour transparent et puissant qui dépasse des millions de fois tout ce qui se trouve dans les cœurs de tous les humains… un amour fort et grandiose incomparable à celui des hommes. C’était  autre chose, un amour divin que seule cette lumière pouvait offrir.

 

Lorsque ce sentiment magnifique me gagna et que je me fondis en lui, je l’entendis me dire: "c’est moi". J’ai eu l’impression que je le connaissais depuis toujours, depuis ma naissance ou peut-être même d’avant ma naissance. Je sentis qu’il me connaissait parfaitement depuis que je fus modelé dans les entrailles de ma mère, même avant que je n’y ai été façonné, comme si elle réalisait plus que moi-même toutes les particules de mon corps, ce qui se trouvait  dans les cellules de mon cerveau, les pensées de mon âme et les émotions de mon cœur… je sentis que j’étais complètement nu devant elle et qu’elle me transperçait d’un bout à l’autre. Rien en moi ne lui échappait, je sentis qu’elle s’infiltrait dans tous les coins de mon être…

 

Je me suis dit comme je voudrais que cette lumière demeure toujours là et que je demeure en elle. Si elle venait à disparaître qu’elle m’emporte avec elle. La lumière me rétorqua à sa manière comme si elle me disait: "Je suis toujours ici et ailleurs; je ne vais nulle part… je suis toujours dans le temps et hors du temps, dans l’espace et hors de l’espace".

 

Cette expérience s’est répétée 22 fois jusqu’à ce jour. Et à chaque fois Mr Raymond Nader recevait un message dont je publie ci-après la plus grande partie; il en reste encore six autres inédits:

 

1-Le Christ est la vérité de l’amour incarné

 "Avant le commencement était l’amour. Par lui, tout fut créé de toute éternité, sans lui, rien n’aurait existé. Depuis l’origine était l’amour qui est le fondement de l’univers, la loi et le terme de toute chose. Rien ne  restera, tout périra hormis l’amour. Dieu est amour et vérité. Dieu est le véritable amour. L’univers de Dieu est celui de l’amour, celui de la vérité; et il n’y a pas de vérité en dehors de l’amour. L’homme ne se réalise qu’à travers l’amour; il ne parvient à la vérité qu’en Dieu. Il appartient à Dieu parce qu’il est le fils de l’amour, le fils de Dieu  et sa véritable demeure est en Dieu.

 

Il y a un chemin qui mène à l’univers divin, le Christ est ce chemin. Il est la vérité incarnée. Il  est la manifestation de la vérité, de la vie. Tout homme est appelé à traverser ce chemin durant son voyage dans ce monde vers l’au-delà. Et comme pour chaque voyage dans ce monde, l’homme doit s’approvisionner, la seule provision et la seule arme c’est l’amour. Cet amour ne peut qu’englober tous les hommes gratuitement, sans conditions ni limites. C’est ainsi que Dieu vous aime. Aimez-vous donc les uns les autres de ce même amour qu’est l’amour de Dieu.

 

Laissé à lui-même, l’homme ne peut pas s’offrir cet amour. Il se le procure de Dieu en Jésus Christ par l’Esprit. Pour ce faire, il faut prier. Par la prière seulement s’acquiert l’amour de Dieu le Père, source de l’amour, par Dieu le Fils, Jésus Christ, amour incarné, par l’Esprit de Dieu, Esprit d’amour. Priez donc pour avoir cet amour afin que vous aimiez tous les hommes gratuitement, sans limites ni conditions comme Dieu vous aime. Vous serez alors les fils de Dieu. L’homme est né du cœur de Dieu, et au cœur de Dieu il retournera.

 

2- Et vous réalisez le but pour lequel vous avez été créés

 Qu’ont-ils les hommes à descendre alors que le chemin du Seigneur monte?

Les gens sont chargés de nombreux fardeaux qui leur courbent tellement le dos que leurs fronts touchent le sol, les empêchant de se redresser et de rehausser la tête pour voir la face de Dieu. Ils essaient de s’en libérer; chacun s’en débarrasse pour s’en charger d’autres manières pour se trouver finalement assujetti par des fardeaux encore plus lourds.

Jésus Christ est le seul capable d’affranchir tous les hommes de leurs fardeaux, car un esclave ne peut pas libérer un autre esclave. L’homme naît lié par des cordes et ligoté par des chaînes auxquelles il s’habitue tout au long de sa vie; nombreux sont ceux qui meurent sans s’en affranchir.

Les gens s’accoutument à leurs chaînes, ils les chérissent comme faisant partie intégrante d’eux-mêmes, si bien qu’il leur devienne difficile de s’en délivrer. Leurs chaînes brillantes éblouissent leurs yeux  pour ne plus voir la face du Seigneur. Leur vacarme assourdissant les empêche d’entendre sa voix. Ils sont tellement fiers de l’éclat de leurs entraves et de leurs tintamarres qu’ils en tombent amoureux. Les chaînes ont beau briller, elles ne restent pas moins aliénantes. Au lieu de les astiquer, brisez-les; au lieu d’en faire de la musique, déliez-les pour vous en affranchir.

Le Seigneur souffre de voir les gens, pour qui il s’est fait chair, est mort et ressuscité afin de leur donner la vie et le bonheur éternel, enchaînés, cherchant leur félicité là où il ne la trouveront pas.

Votre bonheur dans ce monde n’est pas de ce monde; car si vous étiez de ce monde vous y seriez restés.

Votre bonheur ne réside pas dans la matière; car elle ne vous le procurera pas. Pourquoi les hommes courent-ils à la recherche de l’or? L’homme est bien plus cher que l’or! Il est le fils de Dieu et sa valeur est en lui-même. L’or ne libère pas l’homme de ses attaches, il ne fait que les rendre plus brillants seulement.

Votre bonheur ne provient pas des hommes qui ne peuvent pas vous l’offrir, parce qu’ils ne le possèdent pas, et nul ne peut donner ce que ne lui appartient pas.

Jésus seul est capable de vous donner le vrai bonheur. Seulement, les hommes vivent entre le bitume et le béton. Leurs esprits se noircissent comme le bitume et leurs cœurs s’endurcissent comme le béton. Leurs raisons ne produisent que des idées sombres et leurs âmes se vident de tout amour. Les hommes sont à l’image d’une matière inerte et sans âme, quelques-uns ressemblent à des rochers mobiles qui sentent le péché. Orgueilleux qu’ils sont, ils s’obstinent à se procurer le bonheur dans le péché qui ne leur cause que de l'inquiétude, de la tristesse, de la misère et du vide. Ils sont devenus orgueilleux vis-à-vis d’eux-mêmes, les uns contre les autres et contre le Seigneur. Ne réalisez-vous pas que le Seigneur est capable de les réduire en un clin d’œil en poussière? Mais l’amour de notre Dieu est grand. Il aime les hommes d’un amour sans limite parce qu’ils sont ses fils et ses filles. Il a voulu qu’ils soient la lumière du monde, à son image.

 

Tout homme est une flamme, créée par notre Seigneur pour éclairer le monde. Tout homme est une lampe faite par lui pour rayonner et donner une lumière. Celui qui se procure d'une lampe, c’est pour éclairer l’obscurité. La lampe est faite pour illuminer l’obscurité. Mais ces lampes, les hommes, ne s’intéressent qu’à leurs  apparences: ils colorient leurs verres et les couvrent de parures, alors que Dieu les a créés fins et transparents pour protéger et propager la lumière. Ils sont devenus épais et durs au point de dissimuler la lumière; et le monde reste plongé dans le noir. Ces lampes que notre Seigneur a faites pour être porteuses de la lumière au monde se transforment en œuvres d’art, enjolivées et teintées, mais sans lumière. A quoi sert une lampe qui n’éclaire pas l’obscurité? On ne peut voir une lampe dans l’ombre que si elle est allumée.

Quelle qu’elle soit la beauté de la lampe, sa lumière est encore plus belle. Le monde se perd dans l’obscurité, soyez-en la lumière. Ramenez vos verres à leur minceur  et à leur transparence afin d’éclairer le monde et de réaliser le but pour lequel Dieu vous a créés.

Notre Seigneur a réservé un but à réaliser à chaque créature dans la vie: Contemplez toutes les créatures de la terre et vous trouvez que chacune d’elles effectue son travail avec précision et honnêteté; pas une seule n’est misérable. La créature la plus misérable sur la terre est sûrement plus heureuse qu’un homme pécheur qui, au moment du jugement, se tient honteusement devant la grandeur de l’amour de Dieu: cet amour, qui a créé l’univers, qui  a donné la vie,  est le seul trésor amassé qui durera pour vous accompagner dans l’autre monde.

Tous vos trésors, votre argent et vos réalisations dont vous pensez être les possesseurs ici-bas, même vos os ne vous appartiendront plus. Celui qui comparaît devant le Seigneur, vide d’amour,  mourra de honte. C’est là sa véritable mort et non plus le moment où il rend l’âme.

Si l’homme ne se transforme pas en amour, il meurt, car Dieu est amour, un amour qui est éternel. Laissez-le remplir vos cœurs et que l’humilité commande vos esprits. Priez et convertissez-vous. Priez Jésus Christ, il vous exaucera; ouvrez-lui vos cœurs, il y entrera et vous donnera la paix. Priez du fond de vos cœurs sans rabâcher.

Ne vous vous donnez pas la peine de chercher la vérité loin du Christ; aucune vérité n’existe hors de lui. Le Christ est la seule vérité. Lorsque vous connaissez le Christ, vous connaîtrez la vérité et vous serez libres. Le Christ veut que vous soyez libres. N’ayez pas peur, prenez courage; sachez que le Christ a vaincu le monde.

 

3- Votre œuvre dans ce monde

 Le Christ est le chemin. Soyez fermes dans le Christ et persévérez dans son chemin, ne laissez rien vous en détourner. Accordez à chacun de vos frères un petit moment. Montrez-lui le chemin, orientez-le vers la lumière: s’il veut marcher à côté de vous, demandez-lui de vous précéder; s’il veut que vous lui teniez la main, tendez-lui les deux; s’il tente de vous dévier du chemin ou bien de vous retarder, libérez-vous de lui, car le chemin est long. Immense est l’œuvre. Semez la terre de prière, d’encens et d’amour. Semez dans les rochers parce qu’ils peuvent contenir une poussière de terre, capable de faire germer votre semence. S’il vous faut broyer le roc, frappez-le sans relâche; s’il ne se casse pas du premier coup, il finira par se briser au centième coup. Si vous vous lassez, d’autres le feront à votre place, laboureront et sèmeront. Il y a un temps pour la semence et un temps pour la moisson.

Ne craignez pas d’effriter les rochers, car le bras est le vôtre, mais ni la terre ni  la hache sont pas les vôtres. Ne râlez pas, ne vous plaignez pas, ne vous agitez pas. Les épis qu’on écrase pour en séparer la paille ne se plaignent sous le poids de la herse qui bat le blé ni de la dureté de l’air, parce qu’ils se préparent à devenir pain et nourriture.

Les raisins ne s’agitent pas quand on les écrase et on les presse parce qu’ils vont devenir du vin pour la joie. Sans croix, on n’obtient ni pain ni vin. Qui se veut devenir pain et vin doit porter la croix. Portez donc la croix et dirigez-vous vers la lumière.

L’homme, dans ce monde, qui veut passer de la rive obscure à celle de la lumière éternelle, traverse les mers de ce monde au bord de nombreux bateaux:

1-    Il y en a de très beaux, de très luxueux et de très confortables, car ils suivent leurs penchants en direction du vent et leurs gouvernails plient avec les vagues. Ils n’affrontent ni vent ni vagues, parce qu’ils n’ont pas de direction et ni de but à atteindre. Ces bateaux attirent la majorité des gens qui ne vont pas loin, puisqu’ils ne font aucun effort pour arriver à la bonne destination. Nulle traversée de la mer de ce monde n’est éternelle. Elle prend toujours fin et les passagers de ces bateaux-là finissent au fond des eaux, pas loin du rivage d’où ils sont partis.

2-   Une deuxième espèce de bateaux dont les voiles sont minces et le bois fragile se brise au large avec la haute marée et le redoublement des tempêtes. Ainsi finissent leurs passagers quelque part au fond de la mer profonde.

3-    Une troisième espèce de bateaux au bois dur, aux voiles fortes et dont la forme est belle et séduisante, mais dont le pilote promène les passagers entre des rives mortelles. Aussi, les passagers trouvent-ils la mort sur l’un de ces rivages mortels dont le retour serait impossible.

4-     Il y a aussi le bateau du Seigneur, au bois dur, aux voiles  résistantes, dont le pilote est plein de sagesse, de vaillance et d’amour. Ce bateau traverse les mers profondes, résiste aux vents et aux tempêtes, si violentes soient-elles, transperce la haute mer au large. Ce voyage est incommode, mais son accostage est sûr. 

Soyez fermes sur le bateau du Seigneur. Ne craignez pas les tempêtes ni la marée haute. Ne laissez pas les bateaux luxueux vous séduire au point d’y monter à bord, car vous y raterez le but. Occupez-vous de la fin à laquelle il faut aboutir, plutôt que du voyage lui-même. Ne laissez pas les profondeurs de la mer vous charmer. Ils vous servent de passages et non pas de demeures. Vous ne pouvez pas être en même temps au bord du bateau et dans la profondeur de l’eau, non plus au bord de deux bateaux en même temps.

Tenez bon au bord du bateau du Seigneur et raffermissez vos frères à chaque port où vous accostez. Appelez les gens à prendre part à votre voyage pour partager avec eux l’arrivée au but. Parlez-leur de votre pilote et du rivage de la lumière. Mais soyez sûrs que ce ne sont pas les paroles qui inviteront les gens à monter à bord du bateau du Seigneur, mais plutôt votre confiance, votre foi en lui et la joie qui transparait sur vos visages.

Assurez-vous que le voyage à bord de ce bateau aboutisse au visage de lumière pour continuer à vivre d’elle et par elle; car l’homme est une créature universelle dont les limites sont celles de la lumière et non pas une créature terrestre aux limites de poussière et d’eau. L’homme est fait de poussière et de lumière: celui qui vit dans la poussière, retournera à la poussière et  y mourra, tandis que celui qui vit dans la lumière, retournera à la lumière et y vivra. Ne laissez pas la poussière vous limiter, car les limites de votre patrie dans ce monde s’étendent vers des lieux où finit la mer et par ou commence le ciel. Ne permettez pas que la poussière vous asservisse; soyez libres et la liberté réside dans l’affranchissement du péché; si vous êtes libérés du péché, rien ne peut vous soumettre à l’esclavage alors que si vous êtes esclaves du péché, vous serez considérés comme esclaves, même si vous portez à la main le spectre du roi. Demeurez dans la grâce et dans l’humilité. Soyez de véritables témoins de Jésus Christ. Rendez le bien pour le mal mais ne prenez pas l’amour comme prétexte pour vous dérober à l’affrontement du mal. Le laboureur ne s’arrête pas devant les pierres comme prétexte pour cesser de labourer. N’ayez pas peur, le mal se détruit lui-même.


"Engagez-vous totalement dans l’Église et adhérez à son enseignement. Persévérez dans la prière sans relâche. Vénérez votre mère la Vierge Marie, armez-vous du chapelet, car le nom de la Vierge Marie dissipe l’obscurité et écrase le mal. Soyez des moines au cœur du monde même si vous n’en portez pas l’habit. Remplissez la terre de prière et d’encens. Soyez des saints pour sanctifier la terre. Le chemin de la sainteté est long, mais soyez sûrs que si les pensées de Dieu sont dans vos esprits et son amour dans vos cœurs, sa force consolide vos bras et vous aboutirez au but. Assurez-vous que chaque fois que vous priez je prie avec vous pour vous sanctifier; et ainsi le nom du Seigneur sera glorifié."(Parole de Saint Charbel)

 

4- Il faut vaincre la faiblesse

 À chaque  serrure sa clé. À chaque porte sa serrure qui ne s’ouvre qu’avec la clé qui lui appartient. La mort a fermé la porte et le péché l’a bloquée. La croix est la clé qui libère la serrure du péché et le verrou de la mort; la croix ouvre la porte du ciel et il n’y en a pas d’autres.

La porte du ciel se trouve là où se rencontrent le ciel et la terre, au sommet du calvaire. La porte est connue, palpable et visible; quiconque a des yeux peut la voir. Quelques-uns pensent qu’elle n’a pas de serrure et s’ouvre si on l’enfonce; mais quand on s’en approche, on réalise qu’elle a une serrure qui ne s’ouvre qu’avec sa clé.

Nous ne pouvons pas connaître la bonne clé que si on l’introduit dans la serrure. Il n’y a qu’une seule vraie clé,  c’est la croix du Christ. Ne vous fatiguez pas à chercher d’autres clés pour ouvrir la porte du ciel ou bien à en fabriquer d’autres. Nombreux sont ceux qui passent leur vie à concevoir leurs propres clés, croyant quelles seraient capables de leur ouvrir la porte; mais nombreux aussi sont ceux qui se moquent de la croix du Christ. Devant cette porte, la vérité éclate et on constate alors que toutes les clés sont vaines.

Toute votre vie est un voyage en direction de cette porte; et vous y arriverez à la fin de votre pèlerinage, ayant la clé en main, vous ouvrirez et entrerez; sinon vous vous arrêterez devant la porte sans pouvoir accéder à l’intérieur, car les clés que vous avez sont de votre propre fabrication. Vous en serez déçus. Portez donc la croix du Christ et vous aurez la clé du ciel.

Portez la croix du Christ avec joie, ardeur et courage. Ne pleurez pas, ne vous lamentez pas chaque fois que vous échouez. Les pleurs et les lamentations ne font pas l’histoire du salut, de même que la porte du ciel ne s’ouvre pas en se frappant la poitrine et en poussant des cris de lamentation. Ce sont les larmes de conversion qui font l’histoire du salut. Une seule larme suffit pour ouvrir la porte du ciel, la larme du repentir qui mouille la joue du croyant courageux.

Portez la croix du Christ et suivez ses pas, vous trouverez la Vierge à vos côtés, comme elle l’a fait pour le Christ. Chaque fois que vous vous sentez blessés, dites: avec les plaies du Christ. Quand vous souffrez, dites: avec les souffrances de Jésus. Quand on vous persécute, qu’on vous maltraite ou qu’on vous offense, dites: pour la gloire du Seigneur.

Il faut vaincre votre faiblesse et non pas en faire un prétexte pour vous laisser aller. Si vous portez la croix du Christ, nulle souffrance ne peut vous plier, nulle fatigue ne peut vous abattre; vous marcherez fermement, avec patience et silence. Une fois arrivés devant la porte, vous sentirez que la joie de votre passage dépasse de beaucoup votre souffrance et votre fatigue durant la marche.

Le bonheur de votre arrivée au but dépassera le bonheur de votre cheminement. Le chemin de votre calvaire dans ce coin du monde est long et la croix du Christ dans cet Orient, vous la portez sur vos épaules. Vos ennemis sont nombreux parce qu’ils sont ceux de la croix; ne les prenez pas comme ennemis; parlez-leur toujours avec le langage de la croix, même s’ils vous sont hostiles à cause d’elle. Les mois et les années à venir seront très difficiles, très dures, ameres et aussi lourdes que la croix. Supportez-les en priant. Que votre prière émane de votre foi, que votre patience dégage l’espérance, que la croix fasse grandir votre amour.

La violence régira toute la terre. La planète sera poignardée par les couteaux de l’ignorance et de la haine. Tous les peuples qui vous entourent chancelleront sous le poids de la souffrance; la peur s’abattra sur toute la terre comme des tempêtes; la tristesse débordera du cœur de tout le monde. Des hommes ignorants et hostiles présideront au destin de tous leurs peuples, les entraînant dans les voies de la misère et de la mort, à cause de la rancune aveugle qu’ils surnommeront "justice" et à cause de l’ignorance lugubre qu’ils appelleront "foi". La rancune et l’ignorance prédomineront les quatre coins du monde. Résistez et soyez fermes dans la foi et la charité. La face de la terre changera, mais vous conserverez la face du Christ. Des frontières, des communautés et des régimes seront effacés et réinscrits de nouveau, des peuples chancelleront sous le poids du feu et du fer; mais vous conserverez votre amour sans frontières. Sauvegardez votre communauté ecclésiale et que votre régime soit l’évangile. Soyez l’ancre qui guide les bateaux errant sur des mers houleuses; que vos cœurs soient le port du salut de tout homme perdu, égaré et qui demande protection. Par vos prières vous pouvez faire pleuvoir la miséricorde et irriguer la terre de votre charité. Priez pour attendrir les cœurs endurcis, pour ouvrir les esprits obscurcis, pour soulager des catastrophes et des horreurs. Enfin de compte n’ayez pas peur, car la lumière du Christ s’élèvera et resplendira, la croix et l’Église s’illumineront. Tenez bons dans votre foi en Christ, n’ayez pas peur, ayez confiance en Dieu de la Résurrection et de la vie. A lui soit la gloire éternellement.

 

5- Le centre de l’univers

 Tout l’univers se meut autour du mystère de la croix. L’homme croyait que l’univers tourne autour de sa personne, or la croix est le centre de l’univers; donc celui qui veut être au centre de l’univers doit être avec le crucifié sur la croix. Celui qui ne vit pas le mystère de la croix ne peut pas comprendre le mystère de l’univers.

Tout homme a une forme et une entité dans l’espace et le temps. Il est comme un morceau de glace qu’on veut garder loin du feu pour qu’il ne fonde pas. À quoi sert ce morceau de glace s’il veut à tout prix conserver sa forme et son entité? Si la glace ne fond pas, elle ne pourra pas s’infiltrer dans la terre pour irriguer la terre et pour étancher la soif des humains. Ne craignez pas le feu qui est capable de vous faire fondre pour vous transformer en eau de vie qui arrose la terre. Que votre amour soit comme l’eau qui pénètre partout, ne la laissez pas être comme une masse rigide, telle que vous l’avez, vous-mêmes, conçue, forme inexploitable nulle part.

Le sel qui ne fond pas est inutile à saler. Le sel corrompu trouble l’eau et corrompt la nourriture; le bon sel se fond et disparaît dans l’eau. Il ne donne pas à la nourriture ni forme ni couleur, mais en rehausse la saveur. Vous êtes le sel de la terre: si vous faites de votre vie une propriété privée, elle sera vaine; alors que si vous la donner, sa valeur augmente. Elle atteindra sa plénitude quand elle sera la propriété de tous. Le pain est le même qu’il soit sur la table des riches ou des pauvres. Le pain délicieux, à sa sortie du fourneau, ne cherche pas à savoir par qui il sera mangé. L’homme bon est un bon pain. Sans la croix, l’histoire de l’homme serait vide parce qu'elle sera éphémère. La croix demeure. C’est elle qui vous sanctifie dans le temps.

Pour Dieu, le commencement de la création et la fin de l’univers s’effectuent ensemble, dans le présent. Si vous sanctifiez le moment présent de votre vie par l’amour, vous réaliserez le mystère de l’éternité. Par l’amour l’homme demeure éternellement en Dieu. Sanctifiez le temps, sanctifiez votre vie par l’amour, sanctifiez chaque moment de votre vie. Ne laissez pas l’horloge vous distraire car vous ne pouvez pas l’arrêter; vous pouvez seulement être prêts quand votre heure arrive. Quiconque éloigne Dieu de sa vie, de son esprit et de son cœur, le temps l’écrasera et il plongera dans la mort; cela ne signifie pas que Dieu n’existe pas, c’est plutôt lui-même qui n’existe plus. Comme la lumière montre aux yeux ce qui existe, ainsi le Christ révèle-t-il l’existence à l’esprit et au cœur.

Sans la lumière, l’œil de l’homme ne voit pas ce qui existe. Sans le Christ, l’homme ne voit pas l’existence. Dieu créa la matière et établit l’ordre des choses; il créa l’esprit, insuffla à l’âme de son souffle et lui donna la vie. Et comme il en est pour l’esprit qui comprend l’ordre établi et réalise la matière au moyen de la logique et de l’analyse, il en est de même pour l’âme qui réalise l’amour de Dieu, le mystère de l’univers. Elle vit de la foi, de la prière et de la vraie adoration.

Il y a des fleurs qu’on cueille au printemps pour l’ornement, d’autres vieillissent pour donner de nouvelles graines en automne. Il y a des fleurs dont les pétales sont essaimées par le vent et dont le parfum se sent au lointain jusqu’à en remplir la terre. Dans chaque mouvement Dieu a mis sa sagesse, priez donc pour la comprendre et vivre selon sa volonté et non pour la changer. La volonté du Père vise toujours votre bien.

Parfumez-vous de l’odeur des chênes et du thym. Ne portez pas les couleurs de ce monde et n’exhalez pas ses odeurs. Les retouches des doigts de Dieu en vous sont plus importantes que tout ce dont le monde vous vêtira et qui passera. Marchez à pas fermes sur le chemin de la sainteté. Laissez le Christ vivre en vous, alors vous vivrez dans le cœur du mystère de l’univers, dans la source de lumière.

 

6- Votre voyage dans ce monde est un cheminement vers la sainteté

 Tous les humains sont dotés de deux oreilles pour entendre, mais peu nombreux sont ceux qui entendent. Parmi ceux qui entendent peu nombreux sont ceux qui comprennent. Aussi, parmi ceux qui entendent et comprennent, très peu sont ceux qui vivent en conformité avec ce qu’ils ont compris. Peu nombreux sont ceux qui se dirigent vers le royaume et la porte est étroite.

Écoutez, comprenez et témoignez. Prêtez l’oreille à la voix du Seigneur. Comprenez la vérité et témoignez d’elle. Vivez-la. Gardez le silence pour entendre et pour comprendre la voix du Seigneur. Mais gardez-vous d’entendre les échos de vos propres pensées et de n’écouter que vous-mêmes. Affranchissez-vous de vos idées et laissez la parole de Dieu les purifier, en supprimant ce qui est à éliminer, et en réécrivant ce qu’il faut réécrire.

L’homme est une partie d’un Tout. Cette partie doit écouter ce Tout, comme une goutte d’eau dans le fleuve. La goutte ne peut pas être un fleuve, même si elle contient tout ce qui compose le fleuve. Ce dernier est formé de tant de gouttes d’eau qui toutes suivent le même mouvement. La seule goutte d’eau dans un ensemble est un fleuve mais si elle s’en exclut, elle reste une seule goutte. Prêtez l’oreille au processus de l’univers dont vous  faites partie, vous trouverez qu’il est en pèlerinage vers le cœur du Père, comme l’écoulement du fleuve vers la mer. N’acceptez pas d’être en dehors de ce mouvement. La goutte d’eau qui sort de son cours ne peut pas se verser dans la mer.

Ecoutez et comprenez la vérité, laissez-la pénétrer jusqu’à votre âme. Brisez toutes les couches de l’écorce et effritez toutes les rajouts dont le monde vous a entourés, au point qu’ils vous ont enveloppés et ont fait dérober la face de Dieu. Soyez humbles et rejetez toutes les pensées qui vous empêchent d’entendre sa voix, même celles que vous aurez formées et chéries. Écoutez modestement. Que votre cœur soit tendre et votre esprit libre. L’écoute sans modestie ressemble à un écho qui se perd dans les vallées: il a beau être fort, la montagne ne reste pas moins une montagne, la vallée, vallée et la pierre, pierre. Écoutez humblement, comprenez profondément la vérité et témoignez modestement. Écoutez pour comprendre et pour connaître. Vivez dans la lumière de la vérité que vous saisissez. Il ne suffit pas de connaître le chemin pour arriver, il faut le traverser. Dieu vous éclaire les pages, mais c’est à vous de les lire. Dieu vous illumine le chemin, mais c’est à vous d’y marcher. Celui qui monte se sert de ses pieds, celui qui descend c’est avec ses pieds qu’il descend; et là où vous arrivez ce sont vos pieds qui vous y auront conduits. Soyez toujours en état d’écoute et d’éveil. Refaites vos comptes quotidiennement, changez votre vie et renouvelez-la. Si vous écoutez humblement vous comprendrez la vérité et elle vous libèrera. Affranchissez-vous des cordes qui vous ligotent. Vos pensées, vos croyances propres et vos penchants vous enchaînent comme les cordes qui immobilisent le navire au quai et le sécurisent, mais elles ne lui permettent pas de naviguer. Laissez la parole de Dieu vous délier des vôtres en les rompant l’une après l’autre, même si vous en souffrez. Ne stagnez pas dans vos penchants et dans vos pensées même s’ils vous offrent repos et sécurité. Toute sécurité est une illusion sans la paix du Christ. Le repos loin du cœur est une duperie. Ne craignez pas de vous libérez du rivage et de quitter le port; livrez-vous à Dieu pour vous affranchir de vos chaînes. C’est sa Parole qui vous oriente, et  son Eprit qui souffle dans vos voiles; ainsi vous arriverez à la rive de lumière. Le navire est destiné à traverser la mer et non pas à rester au port. Il est fait pour naviguer très loin au large. Il faut dénouer toutes ses cordes; s’il en reste une seule, elle l’empêchera de quitter le port. Ne gardez que les cordes qui font dresser le mât, celles de l’amour et de la communion qui vous lient à vos frères les hommes. Votre voyage dans ce monde est un chemin vers la sainteté qui est une perpétuelle transformation de l’état matériel vers celui de la lumière.

Priez pour écouter, priez pour comprendre et priez pour vivre votre foi en la pratiquant et en témoignant d’elle. Priez pour vous transformer en lumière. Écoutez en priant, comprenez la vérité en aimant et témoignez en priant. Que toute votre vie soit prière et service. Si vous priez sans servir, vous réduisez la croix du Christ dans votre vie à un morceau de bois. Si vous servez sans prier vous vous servez vous-mêmes. Priez dans vos couches, avec vos familles, avec vos communautés ecclésiales. Priez intimement le Seigneur dans vos couches pour sauvegarder vos âmes et ouvrez vos esprits au mystère de Dieu. Priez en famille pour la protéger et la mettre dans le cœur de la Trinité. Priez avec vos communautés ecclésiales, pour préservez votre Église et pour la rendre proche du royaume de Dieu. Votre prière individuelle vous met dans le cœur de Dieu; votre prière au sein de la famille, vous pose dans les bras de la Trinité et celle de la communauté dans le cœur de l’Église pour vous raffermir dans le corps du Christ. Priez. L’homme qui prie, vit le mystère de l’existence tandis que celui qui ne prie pas c’est à peine qu’il existe.

Exercez-vous au silence qui est fait d’écoute vivante et non pas de la tranquillité du néant. Exercez-vous au silence, pratiquez la charité, laissez-vous fermentés par la sainteté. Écoutez pour entendre. Humiliez-vous pour comprendre. Croyez et ayez courage de témoigner. Aimez pour vous sanctifier.

 

7- La bâtisse du Seigneur, fondée sur le Christ

 Lorsque la lumière de la lanterne s’affaiblit en pleine obscurité, il faut la remplir d’huile. Ces jours-ci la lanterne s’affaiblit, la lumière s’anéantit et l’obscurité est lugubre. Remplissez vos lanternes avant qu’elles ne s’éteignent et que vous ne plongiez dans l’obscurité. La lanterne qui éclaire vos veillées, veillez sur elle pour qu’elle veille sur vous et sur vos maisons. Vos lanternes s’affaiblissent et vos maisons s’obscurcissent et vous vous bornez à regarder droit devant vous, négligeant la lumière qui illumine vos ténèbres.

Tant qu’il fait nuit, éclairez vos nuits noires par vos lanternes. Ne vous résignez pas à l’obscurité en attendant la lumière du jour. Lorsque le matin se lève, un autre travail vous attend et vous devez rendre compte de celui de la nuit. Si la lumière de vos lanternes vient à faiblir faute de l’huile, il faut la remplir au lieu d’aller veiller à la lumière de vos frères, laissant les vôtres s’éteindre; car vous devez rendre compte de vos lanternes qui éclairent ces veillées et qui sont éteintes. Gardez-les toutes allumées jusqu’à ce qu’il fasse jour. On remplit la lanterne de l’huile et non pas de souhaits, d’intention, ou bien d’eau avec autant de légèreté. Intéressez-vous à la lumière des vôtres avant que vous ne pensiez au travail et à la production. Repensez vos priorités pour voir si votre échelle n’est pas disposée à l’envers, la petite marche en bas, la grande en haut.

Regardez le bâtisseur avisé comment il dresse haut sa bâtisse. Il pose en bas la grande pierre et en haut la petite. À l’heure actuelle nombreux sont les gens qui construisent leurs murs à l’envers, ne sachant plus distinguer entre la grande et la petite pierre, la première de la dernière, l’importante de la moins importante. Le mur dont la petite pierre est déposé en bas alors qu’en haut la grande s’écroulera et la bâtisse s’effondrera. Nombreux sont les murs qui s’écroulent, les assises qui se désintègrent à cause de l’ignorance des travailleurs et de l’orgueil des constructeurs.  

Quant à vous, dressez haut votre construction avec prudence. Construisez sur les fondements du Christ, le rocher fondamental de toute bâtisse; il maintient toutes les assises. Déposez vos grandes pierres sur le fondement et les petites au-dessus. Si vous remarquez que dans un des murs de votre construction, il y a une grande pierre en haut de l’assise et une petite en bas, il vaut mieux démonter tout le mur pour le reconstruire que de le voir s’écrouler entièrement sur vos têtes ou bien sur celle de vos frères ou de vos enfants.

Soyez sûrs que si le Christ n’est pas lui-même le fondement de toute votre construction, elle s’écroulera et se démolira. Ne vous extasiez pas devant une grande bâtisse, construite par des mains d’hommes, elle s’effondrera, aussi haute soit-elle, le temps l’effacera. Si vous découvrez tardivement que votre édifice n’est pas bâti sur le Christ, démontez-le en entier pour le reconstruire. Une seule assise construite sur le Christ est meilleure qu’une haute tour menacée d’être démolie par les vents. La maison du Seigneur est fondée sur le Christ, vous-mêmes, vous en êtes les pierres vivantes et l’Esprit Saint et la clé de voûte. Le Christ porte toute la bâtisse, l’Esprit regroupe toutes les pierres de la voûte et soutient tous les murs. L’Esprit est l’âme de l’amour, qui est la clé de la voûte. Si vous enlevez l’Esprit, vous aurez anéanti la clé de la voûte; et alors les pierres s’écrouleront et toute  la construction se démolira. L’Esprit Saint est l’Esprit de l’amour, la clé de voûte qui sauvegarde la promesse. À chaque pierre sa place dans la bâtisse. Toute pierre dans l’assise est soutenue par une autre placée en dessous, maintenue par une autre placé à son coté; elle-même à son tour, soutient les autres et celles déposées au-dessus d’elle. Toute pierre est destinée à remplir sa place. Si l’une manque, elle laissera un vide par où passera la pluie, le vent, la poussière et les tempêtes. Ce vide permettra à des facteurs extérieurs de pénétrer à l’intérieur. Ne laissez pas de vide entre les pierres, car la construction deviendra fragile. Ne laissez pas, non plus de sable entre les pierres, car quand la pluie et la neige tomberont et entraîneront le sable; votre bâtisse se délabrera. C’est la force de l’Esprit qui assure l’adhésion  de  la pierre et non pas le sable.

Tenez bons dans la construction du Seigneur. Soyez assidus dans la construction du royaume. Soyez des pierres vivantes dans le temple du Seigneur. La pierre qui est hors de ce temple n’en est qu’une dans un amas de pierres. Elle jouit d’un volume mais sans forme ni place, ni rôle. Elle n’est qu’une pierre brute.

Laissez-vous faire entre les mains du Seigneur, le vrai constructeur. Laissez-vous tailler pour vous débarrasser de tout rajout et combler ce qui manque en vous. Qu’il vous donne lui-même la forme, le volume et la place. Que vous soyez une grande ou une petite pierre, vous avez, chacun, votre place pour laquelle vous avez été taillés et dessinés. Abandonnez-vous au Seigneur, pour qu’il vous construise. Ainsi prendrez-vous votre place dans l’assise, au lieu de vous mettre dans la place qui vous séduise. Si vous choisissez une place plus petite que votre volume, vous devenez  saillant et sujet de délabrement de tout le mur; par contre si votre choix sur une place est plus grande que votre volume, le vide vous entourera. Remplissez votre place optimale. Portez les pierres disposées au-dessus de vous, soutenez celles qui vous entourent. Appuyez-vous sur celle qui vous porte. Le Christ porte le tout et l’Esprit vous rassemble et vous guide.

 

 

 La sainteté est votre but. La perfection dans l’amour est votre finalité. Ne vous vous arrêtez pas aux moyens de la sainteté pour les idolâtrer. Ne prenez pas les moyens pour la fin, non plus la fin pour moyen. Ne faites pas des moyens votre but et votre finalité; ne vous vous servez pas de la sainteté comme moyen pour aboutir à d’autres fins. La prière vous sanctifie, ne la sanctifiez pas. Le jeûne vous fortifie, ne le divinisez pas. Les mortifications vous purifient,  ne les adorez pas. Vos chants sont faits pour louer Dieu, mais ne les glorifiez pas. N’échangez pas le Christ par vos discours sur lui, car ainsi, vous adorerez ce que vous dites. N’identifiez pas les expressions à la vérité, car ces locutions passeront pour la vérité. Pour vous, jamais la parole ne sera plus importante que l’idée qu’elle exprime, ni la pensée plus importante que la vérité qu’elle contient. Jamais le coffre-fort ne peut être plus important que le trésor qu’il contient ni le verre plus important que le vin qu’il contient, ni la boulangerie plus importante que le pain, ni le tabernacle plus important que le Saint Sacrement.

Le Christianisme n’est ni religion du temple ni celle du livre. Le Christianisme est la personne de Jésus Christ lui-même. Le miroir qui reflète la lumière n’est pas la lumière. Il faut distinguer entre la lumière et les miroirs qu’ils la reflètent. Ne vous vous concentrez pas sur le miroir. Attachez vos cœurs à la lumière. Ne vous vous dérobez pas à vous-mêmes pour vous réfugier à Dieu. Ne demandez pas refuge auprès de Dieu pour vous enfuir en vous-mêmes. Dieu veut que vous vous offriez à lui tels que vous êtes pour vous élever et pour vous sanctifier. Ne laissez pas le monde vous pousser vers Dieu. Permettez à Dieu de vous attirer à lui. Ne noircissez pas par vos écrits les pages blanches qui sont écrites par vos Saints Pères. La vérité est toujours la même. Pour pouvoir parler de Dieu il faut qu’il soit  dans votre cœur;  car, vous ne pouvez pas parler de Dieu alors que vous êtes loin de lui. La parole est un corps et non pas une voix voltigeant dans le ciel. Avant de dire votre mot taillez-le avec votre raison, sculptez-le dans votre âme,  relisez-le dans votre cœur et sortez-le de votre bouche comme si vous remettiez la pierre bien à sa place dans l’assise. La parole qui ne construit pas, renoncez à elle. Ne parlez que lorsque votre discours s’avère plus profond et plus éloquent que votre silence.

Que vos discours d’outre-mer ne vous détournent pas de la navigation. Dirigez-vous vers l’essence. Distinguez dans votre vie entre ce qui est essentiel et ce qui est superficiel, entre le fondamental et le secondaire, entre le noyau et l’écorce. Dans votre vie, vous ne mettez pas l’eau dans un panier ni les raisins dans une cruche ni les figues dans une jarre. Comme vous êtes capables de vous servir à bon escient des choses de la  terre, sachez aussi comment traiter les choses du ciel, avec la sagesse du Seigneur pour votre salut et pour la gloire de Dieu.

À chaque terre son sol, son climat et l’outillage dont il faut vous servir pour la traiter et pour la semer et pour y faire planter le genre d’arbres qui y poussent et qui fructifient. Vous ne pouvez pas briser les rochers avec une fourche ni retourner le sol avec une massette ni couper le bois avec une pèle. Les cèdres et les chênes ne poussent pas dans les sables de la côte ni les bananiers et les orangers parmi les rochers de la montagne. Faites votre travail avec les outils disponibles, et là où Dieu vous a plantés, fleurissez et donnez vos fruits. Si vous ne vous enracinez pas, vous ne pouvez pas vous élever.

Adaptez vos esprits à l’existence et non pas l’existence à vos esprits. L’existence était avant vous, elle demeurera après vous. Seul l’Esprit vous conditionne et vous harmonise avec Dieu. Grâce à la lumière de l’Esprit éternel qui est en vous, vous pouvez réaliser la profondeur du mystère de l’existence. Ne cherchez pas à comprendre la vérité par vos sens, car vous vous heurtez aux limites de ces sens. Sachez qu’ils vous servent à aimer et non pas à les aimer. Si vous aimez votre vue, vous adorerez les créatures que vous voyez, oubliant le Créateur qui est au-delà de vos yeux. Si vous aimez votre ouïe, vous serez épris des mélodies et des sons de ce monde, oubliant d’écouter la voix de Dieu dans le silence intangible à vos oreilles. Si vous aimez votre sens olfactif, vous serez entraînes par les parfums du monde, oubliant les fleurs des prés que le Seigneur, dans sa bonté,  a créées pour vous. Si vous aimez votre goût, vous serez prisonniers du manger et du boire, oubliant la nourriture qui nourrit l’âme. Si vous aimez votre toucher, vous serez prisonnier de l’extérieur, vous détournant de l’intérieur. Dépassez vos sens, ne vous vous y noyez pas. Dépassez-les pour atteindre la vérité comme les rayons de la lumière qui pénètre le cristal.

Si vous endurcissez vos sens, ils s’épaissiront et ne vous reflèteront que les images du monde comme des miroirs qui retournent la lumière.  Ne vous vous noyez pas dans vos sens pour que vous ne soyez pas dupes de la joie qu’ils vous procurent. La vraie joie n’est pas dans les sens, elle consiste à les dépasser pour vous laisser vous infiltrer jusqu’au cœur de la lumière, là où vous plongez dans le cœur de Dieu, où vous contemplez sa lumière et vous vous fusionnez dans son amour. Affranchissez-vous de vos sens, allez au-delà de vous-mêmes et vous toucherez le bord de la lumière. Chaque fois que vous désirez regarder l’extérieur, fermez les yeux et regardez l’intérieur, c’est alors que vous verrez l’extérieur plus nettement. Chaque fois que vous vous voulez entendre, fermez les oreilles et écoutez la voix intérieure, c’est alors que vous entendrez mieux. Dominez vos sens pour glorifier Dieu et ne les laissez pas vous guider à glorifier ses créatures.

Aimez jusqu’au don de vous-mêmes. Le sang est la seule encre avec laquelle s’écrit l’amour, le reste n’est qu’encre sur papier. Dans le Christ, tout homme est une parole dans la bouche de Dieu jusqu’à ce que toute l’humanité devienne un hymne d’amour. Gloire à Dieu.

 

8- Votre avenir commence le premier jour dans l’autre monde

 Contemplez les oiseaux du ciel comment ils construisent minutieusement leurs nids, ils mettent bien vaillamment leurs œufs, veillent tendrement sur leurs petits jusqu’à ce qu’ils aient leur plumage pour voler. Ils préservent les arbres du Seigneur. Vous-mêmes, vous construisez vos nids, vous y mettez vos œufs et vos poussins voient le jour sur les arbres dont les racines sont pourries par la carie qui les rongent et les vers qui érodent leurs troncs et leurs feuilles. Si l’arbre tombe, vos nids seront défaits, vos poussins se disperseront et vous n’aurez que des branches nues sur lesquelles vous posez vos ailes. Vous vous fatiguez, vous peinez pour vous construire des nids robustes et chauds où vos poussins pourront grandir, voler et faire à leur tour leurs propres nids. Soignez l’arbre du même soin que vous portez au nid. Comme vous prenez à charge vos nids, ayez à charge aussi vos arbres. Soignez les racines, le tronc, les branchages et les feuilles. Il vous suffit de quelques outils avec une poignet de terre pour tracer vos nids. Du reste,  les branches de l’arbre vous protègent et les feuilles vous ombragent. Ne vous vous occupez pas à dresser haut les bords de vos nids pour y trouver la sécurité, travaillez en vous confiant au Seigneur qui prendra soin de vous.

Vous vous agitez pour assurer votre avenir et celui de vos enfants. Rappelez-vous que votre futur ne sera pas vos derniers jours dans ce monde, mais le premier dans l’autre monde. Vous aurez assuré le futur de vos enfants lorsque vous leur garantirez le Ciel. Vous devez donner la vie  à vos enfants. Or il n’y a de vie que dans le Christ. Offrez-leur donc le Christ. Mais s’il n’est pas en vous, il vous sera difficile de le leur donner.

Si vous ne vous sanctifiez pas, comment pensez-vous sanctifier vos enfants?! Si vous ne leur assurez pas le Christ, tout ce que vous leur aurez offert sera stérile et périssable. Eux-mêmes, ils périront avec toutes les possessions périssables. Ni les hautes demeures ni les garanties de ce monde ne pourront procurer à vos enfants la sécurité et l’avenir. C’est de votre sainteté et de vos prières dont ils ont besoin pour leur sécurité dans ce monde et pour leur avenir dans l’au-delà. Vous courez derrière votre succès et celui de vos enfants dans l’avenir, mais la réussite dans la vie consiste à se mettre devant Dieu et sans honte. Renfoncez vos racines et soignez-les en ascète. Le travail des racines est invisible; il exige un effort et un renoncement. Les hommes ne voient pas vos efforts et vos peines, Dieu qui est au ciel voit et bénit. Entretenez bien le sol, gardez les branches, traitez bien les feuilles, gardez l’arbre pour que Dieu préserve votre œuvre. Soignez l’arbre qui vous couve, vous ombrage et vous héberge. Depuis les racines jusqu’aux extrémités de ses branches, même si cela doit se faire au détriment de la hauteur de vos nids.

Le même temps s’écoule pour les bons comme pour les méchants. Si ceux-là ne le remplissent pas à faire le bien, ceux-ci y sèmeront le mal jusqu’à ce qu’ils le rendent vain. Tout moment de votre vie est considéré comme un panier place devant vous pour le remplir de votre moisson et de vos fruits. Cet instant ne dure que peu de temps pour disparaître dans le passé, à jamais irréversible. Si vous vous arrêtez pour regarder derrière vous et que vous trouverez que vos paniers sont vides, c’est alors que seules les larmes de votre conversion sont capables de les remplir, au moyen de la miséricorde et de la grâce de Dieu. Cette grâce vous suffit chaque seconde pour que vous la remplissiez de Dieu et qu’elle devienne une goûte d’éternité. Ne laissez pas le monde vous dérober les paniers de votre vie pour les laisser vides. C’est ainsi que vous accumulez les amas de paille que le temps est capable de brûler pour n’en rien laisser.

N’entrez pas en dialogue avec le diable. Mettez fin à la conversation avant le premier mot. Dialoguez toujours avec Dieu. Réparez bien vos toits après chaque hiver pour éviter les fuites. Car si vous y renoncez, les grandes averses et la neige s’y abattront, l’eau dégoulinera de vos terrasses, jusqu’à pénétrer dans les poutrelles; ainsi vos toits s’effondreront sur vos têtes et celles de vos enfants.

Quoique séduisante soit la tentation, elle ne peut pas justifier le péché. Que votre vie soit remplie de l’amour de Dieu. Sanctifiez votre temps pour que votre récolte soit abondante et que vos provisions ne viennent pas à manquer. Seul le Seigneur du temps est capable de remplir le temps. Seul, le Seigneur de la moisson et des fruits peut remplir vos paniers. Offrez-les lui et votre récolte augmentera.

 

9- Le repos est un danger

 Le royaume de Dieu ressemble à un chantier d’un temple en construction, dont les pierres proviennent des rocs pris aux carrières de ce monde. Les hommes y sont des ouvriers par la force de Dieu, et les constructeurs bâtissent selon sa volonté. Ils extraient les pierres des rochers tirés des carrières, les posent pierre par pierre, l’une à la suite de l’autre. Et Dieu y souffle la vie pour que les hommes deviennent des pierres vivantes dans ce temple.

Beaucoup d’homme se construisent leur propre temple dont les pierres sont prises aux rochers en prétendant en être les propriétaires. Ils les construisent pierre par pierre, l’une à la suite de l’autre, sans toutefois pouvoir y donner la vie, car Dieu seul est capable de la procurer. Ces gens-là périssent, laissant derrière eux les pierres, les rochers et les carrières, ainsi que leurs petits temples construits de pierres mortes. Sujets à détérioration, ils s’anéantissent avec le temps. Eux, ils sont périssables avec leurs temples. Seul le temple du Seigneur est éternel parce qu’il est vivant. Bâtissez ce temple éternel et soyez-y des pierres vivantes au lieu d’élever vos petits temples éphémères avec des pierres mortes que le temps fera périr. Travaillez assidûment, joyeusement, solidairement et avec amour; faites-le avec patience, humilité et obéissance au Seigneur de temple. Puisque vous travaillez par sa force, bâtissez donc selon sa volonté.

Faites-le bien sans lassitude. Ne cherchez pas le repos parce qu’il est un grand danger pour vous. Si vous voyez un ouvrier inactif, ne le critiquez pas, ne le condamnez pas et ne le maudissez pas. Au contraire, ayez à la main votre pioche, votre faucille et poursuivez votre travail; ainsi l’obligerez-vous à travailler, car la bâtisse vous appartient à vous tous les deux. La moisson est à vous deux, et le tout appartient au Seigneur du temple et au Dieu de la moisson. Estimez votre frère l’homme comme vous vous estimez. Il y a  toujours en vous quelque chose de ce que vous voyez dans votre frère, parce que l’autre, c’est vous avec quelques différences. Au lieu de parler contre votre frère, allez parler avec lui, sinon gardez un silence aimable. Ne condamnez jamais ni ne jugez d’après ce que vos yeux voient. Vous ne pouvez pas rendre un jugement sur l’eau que vous voyez dans un verre, car, avec les yeux, vous ne pouvez pas savoir si elle est douce ou salée, potable ou fade. À regarder de l’extérieur, les jarres de vin, toutes se ressemblent même si le vin à l’intérieur est pas le même. Regardez l’extérieur avec vos yeux, mais l' intérieur avec vos cœurs. Le cœur ne condamne pas.

Ne prétendez pas la connaissance absolue pour bâtir des temples à la mesure de vos connaissances; ils s’écouleront sur vos têtes et vous tueront. La connaissance a besoin d’amour pour devenir compréhension. Quand bien même grande est votre connaissance, vous ne pouvez pas comprendre tant que vous n’aimez pas. L’amour est bien plus noble que l’intelligence. La logique de l’amour est bien plus sublime que celle de l’intelligence. La connaissance sans amour manque d’âme; elle détruit l’homme. La terre est un globe sanctifié sur lequel Dieu de l’univers a mis pied. Il l’a illuminé de lumière de l’Esprit et son cœur divin veille sur lui.

Avec leur connaissance dépourvue de l’amour, les hommes ont rendu la terre malade. Leur nourriture les empoisonne, leur boisson les assoiffe. Ils prennent leurs maladies pour médicaments; l’air qu’ils respirent les étrangle, leur repas les fatigue, leur paix les angoisse, leur joie les chagrine, leur bonheur les martyrise, leur vérité est une illusion et leur illusion est vérité, leur lumière, obscurité.

Les hommes possèdent plus de connaissance que de sagesse. Leurs théories sont devenues dans leurs esprits comme le brouillard sur les montagnes et dans les vallées, elles les empêchent de voir les choses telles qu’elles sont. Leurs théories leur dérobent la vue. Leurs bâtisses s’élèvent, leur moralité s’abaisse. Leurs biens augmentent, leurs valeurs diminuent. Leurs discours se multiplient, leurs prières s’amoindrissent. Leurs intérêts s’approfondissent, leurs relations s’aplatissent, leurs façades débordent, leurs intérieurs s’appauvrissent. Leurs routes s’élargissent, leurs visions se rétrécissent. Leurs chemins  sont nombreux, mais ils ne les mènent pas les uns chez les autres. Leurs moyens de communication sont multiples, mais ils ne les aident pas à communiquer les uns avec les autres. Leurs lits sont spacieux et confortables, mais leurs familles sont peu nombreuses, désintégrées et épuisées. Ils savent accélérer, sans savoir attendre. Ils courent pour assurer leur vie, oubliant de gérer leur vie. Ils s’extériorisent rapidement et négligent leur intérieur. Ils sont des prisonniers qui s’enorgueillissent du confort de leurs prisons, des égarés qui se vantent des distances qu’ils traversent, des morts hautains pour leurs tombeaux luxueux. Ils meurent de faim alors qu’ils sont assis près du pétrin, des pauvres toutefois assis sur des trésors qu’ils ont enfouis eux-mêmes. Pourquoi vous mettez-vous  sous la table pour manger les miettes qui en tombent alors qu’elle est servie pour vous? Les hommes sèment les épines qui, encore tendres fraîches, leur caressent les pieds; mais une fois endurcies, elles déchireront les pieds des générations à venir.

Vous coupez les bois, vous les entassez, vous allumez le feu, vous l’alimentez pour vous vous y jeter, et vous vous étonnez d’en être brûlés! L’humanité est égarée, l’homme est malade et le monde prend feu.

Dieu est amour, il est le but et le guide à cette humanité égarée. Le Christ est le remède de l’homme malade. C’est l’eau du baptême en Esprit qui éteint l’incendie dans le monde. Fondez toute connaissance sur le Christ, car toutes celles non fondées sur lui seront mortelles. Toute connaissance sans âme passe pour ignorance. L’édifice, basé sur l’homme, a beau s’élever, finit par l’écraser. L’homme vit dans la tristesse et l’angoisse, il ne se satisfait ni se rassasie que lorsqu’il s’unifie à en lui-même dans le cœur de Dieu. Rencontrez-vous les uns les autres, regardez-vous les uns les autres, écoutez-vous les uns les autres, saluez-vous les uns les autres, consolez-vous les uns les autres par des paroles charitables et solides, sortez de vous-mêmes pour vous rejoindre les uns les autres, embrassez-vous les uns les autres dans l’amour du Christ, travaillez dans le champ du Seigneur sans fatigue ni ennui. Que le son de vos pioches remplisse les vallées et domine le vacarme du monde, et celui de vos faucilles rappelle aux gens la moisson. Que vos prières fendent les rocs sourds et fassent  jaillir les sources muettes. Les rocs entendent la prière, les sources en parlent et tous ensemble prient  et glorifient Dieu.

 

10- Traversez le chemin avec la joie de Résurrection

 Vous marchez sur le chemin de votre vie, portant le poids des fardeaux et de multiples soucis, chargés de toutes sortes de jarres; les unes utiles, les autres inutiles, en y éparpillant vos trésors. Vous mélangez vos trésors à vos pacotilles, ne sachant plus où et dans quelle jarre ils se trouvent. Des jarres tombent et se cassent, des trésors se perdent à votre insu, tellement elles sont encombrantes. Des gens dilapident leurs fortunes sur les chemins de leur vie et arrivent chargés seulement d’argile.

Toute jarre portée qui ne contient pas votre trésor, c’est une charge inutile et pleine de distraction qui retarde votre marche et vous fatigue.

Débarrassez-vous des jarres que le monde vous oblige à porter, même si vous les avez portées durant un long voyage fatigant, peinant et auxquelles, peut-être, vous vous êtes accoutumés. Sachez où se trouve votre trésor et mettez-y tout votre cœur; déposez le tout entier dans une seule jarre et portez-la bien. Ainsi, vous le préservez et vous arriverez riches de ce trésor.

Portez une seule jarre, c’est celle du Christ qui vous enrichit d’amour et qui la porte avec vous. Même pleine, elle pourra toujours contenir, lourde, elle sera légère à porter. Les autres jarres sont toutes en argile; même vides,  elles seront lourdes à porter et vous courbent le dos. Choisissez vous-mêmes vos chemins dans ce monde, et ne permettez pas au chemin de vous choisir. Ne portez pas les jarres que le monde vous impose pour vous distraire et pour vous épuiser.

Plus se multiplient vos jarres, plus vous vous éloignez de votre voisin. Chacune d’elles exige une distance. Plus elles deviennent nombreuses, plus les distances grandissent autour de vous, et vous serez obligés de vous éloigner les uns des autres afin que vos jarres ne se heurtent pas et ne risquent de se casser. Donc la jarre devient plus importante que vos frères. Dans le souci de protéger de vos jarres, vous aurez perdu vos frères et vos voisins. Sachez que vos fortunes sont très précieuses mais vous les cachez dans de l’argile, ainsi pour chacun de vos frères.

Vous façonnez vos jarres par vos propres mains et vous vous y recroquevillez en vous disant: "le monde est en argile". Celui qui se met à l’intérieur de la jarre voit toute la vie en argile. Sortez-en et voyez le monde tel qu’il est et non pas comme vous l’aurez inventé de l’intérieur. Que chacun remplisse sa jarre du trésor du Christ qui est le seul trésor véritable.

Soyez des grains de blés pleins sur l’aire du Seigneur pour que vous ayez du poids et que vous y retombiez lorsque la fourche vous vanne et l’on vous rassemble pour vous déposer dans les greniers de la vie. Ne soyez pas des grains vides et légers comme la paille que le vent emporte loin de l’aire et la disperse. Seulement le Christ peut vous remplir et vous donner du poids. 

Remplissez-vous du Christ, pour que vous restiez sur l’aire et que vous soyez ramassés. Tant que vous demeurez sur l’aire, la pelle continuera à vous vanner pour extraire de vous la paille. Tout grain de blé reste seul, même s’il est rassemblé avec les autres, dans la mesure et dans le sac.

La meule, l’eau et le feu font du blé une seule pâte et un seul pain. Du champ jusqu’au pain, le processus est long. Priez pour la faucille qui vous coupe, pour la herse qui vous abat, pour le champ qui vous rassemble, pour la fourche qui vous trie, pour la meule qui vous moud, pour l’eau qui vous pétrit et pour le feu qui vous cuit.

Le chemin de la sainteté s’étend du champ jusqu’au pain, de la poussière jusqu’à la lumière, de la crèche jusqu’à la croix. Traversez-le avec la joie de la Résurrection.

 

11- La sainteté n’est pas une chance, la sainteté est un choix

 Les hommes demandent des prodiges pour croire, des signes pour voir, des messages pour entendre et comprendre, un chemin pour marcher et atteindre le salut et le bonheur.

Le prodige c’est le Saint Sacrement, le signe c’est la croix, le message c’est l’évangile, le salut est dans l’Église.

1.      Le signe le plus important, le plus noble et le plus Saint, c’est la croix qui est le signe de l’amour de Dieu pour vous. Faites-en aussi celui de votre amour  pour lui. C’est un signe d’amour et non pas de provocation, sa lumière rayonnera sur le monde entier.

2.      Le salut de l’humanité se réalise par l’Église qui porte le dessein dont le Christ est le commencement, il y a 2000 ans, et ne finit pas avant la fin du monde. Toutes les vagues du mal se briseront contre le rocher de l’Église. Engagez-vous-y pleinement et dans son enseignement ne faites pas de tris.

3.      Le message le plus important le plus grand c’est l’Évangile qui porte l’enseignement du Christ dont une seule lettre ne tombera avant que le monde ne périsse. Qui ne connaît pas l’Évangile est un ignorant qui vit dans les ténèbres même s’il possède toutes les connaissances du monde. Qui ne se conforme pas à l’Évangile ne vit pas. Ne le falsifiez pas pour vous justifier. La réalité de l’Évangile est toujours la même.

4.      Le prodige le plus important et le meilleur c’est le Saint Sacrement, le Corps du Christ, l’Agneau pascal qui porte les péchés du monde, le Dieu vivant, ressuscité d’entre les morts. Il est vain de chercher des signes plus importants que celui de la croix. Ne demandez pas des messages que vous croyez plus importants que celui de l’Évangile. Ne cherchez pas votre salut loin de l’Église du Christ. Ne vous distrayez pas à courir derrière des prodiges, éblouissants, meilleurs que celui du Saint Sacrement. Eloignez-vous de la magie trompeuse qui ne vous renvoie qu’au vide. Évitez tout signe qui vous n’indique pas celui de la croix. Négligez tout message qui ne provient pas de celui de l’Évangile. Rejetez le miracle qui ne vous met pas devant le Saint Sacrement. Dans l’Église, vous discernez tous ces signes. Par la croix, l’Évangile, le Saint Sacrement est dans l’Église, vous vous sanctifiez. Dieu vous a prédestinés à la sainteté et non pas à la mort. La sainteté n’est pas une chance, la sainteté est un choix. Ne vous attendez pas à ce qu’elle vous soit offerte de l’extérieur, il faut la vivre et la réaliser de l’intérieur. Le royaume de Dieu est en vous. La sainteté est une grâce et une volonté: la grâce vous est donnée par Dieu, c’est à vous d’y déployer votre volonté. Vous êtes potentiellement saints, efforcez-vous de l’être réellement.

 

12- L’amour est une lumière rayonnante

 L’amour n’est pas un attachement, car il est liberté alors que l’attachement asservit.  Dieu est liberté. L’amour ne doit pas être pris comme une affection humaine uniquement, il est une force divine de création, une force de résurrection céleste.

L’amour n’est pas un instinct, produit par des sens matériels, c’est une force de vie jaillissante de l’Esprit.

L’amour n’est pas une habitude morte qui vous lie et vous attache, c’est une force de renouvellement perpétuel qui vous ranime et vous libère.

L’amour n’est pas un sentiment orienté dans une direction déterminée, c’est une lumière rayonnante dans toutes les directions.

Dieu n’est ni sentiment ni affection ni habitude ni attachement ni idée, il est une réalité, une vie et un créateur qui donne la vie.

L’amour est gratuit; et pour se donner, il ne demande rien en contrepartie, il se dirige toujours vers l’autre.

L’amour provenant de l’homme retourne à lui. Quand l’amour naît de l’homme lui-même, il s’aime lui-même, quelle que soit la force de cet amour. Cependant, quand l’homme puise son amour en Dieu, il s’oriente naturellement vers les autres. Si l’amour est de toi, il retourne à toi.

L’homme dont l’amour émane de lui-même, s’aime à travers les autres, croyant aimer les autres.

Ne confondez jamais amour et désir, amour et affection, amour et habitude, amour et attachement.

 

13- Avouez vos péchés pour tuer le mal qui est en vous

 Lorsque Jésus Christ fut élevé, le démon tomba. Celui qui s’accroche au diable, tombe avec lui. Qui se tient sur son chemin, s’expose à la chute. Ne vous accrochez jamais au diable et ne vous mettez jamais sur son chemin. Tout son souci est de falsifier l’image de Dieu dans vos esprits et de vous déformer à l’égard de vous-mêmes. Il veut que vous connaissiez mal Dieu et que vous vous trompiez en vous regardant. Il fausse, déforme et trompe. Il tente de vous enfler quand vous devez vous abaisser et de vous humilier quand vous devez croître. Il essaie de vous arrêter quand vous devez marcher et vous faire marcher lorsque vous devez vous arrêter, de vous faire parler quand vous devez garder le silence et de vous faire taire lorsque vous devez parler, de vous convaincre d’accélérer lorsque vous devez ralentir, de ralentir lorsque vous devez courir. Dans tous les cas, il cherche à vous tromper. Le démon est le plus grand des menteurs, le plus grand des fraudeurs, des escrocs  et des  hypocrites et comme l’a qualifié le Seigneur: "il est le mensonge même et le père du mensonge".

 

Jamais le diable ne montre sa vraie face. Il connaît ce que l’homme aime et ce qui l’attire; il lui présente ce qu’il aime et ce qui l’attire. Il vous parle de ce que vous aimeriez entendre parler. Il vous montre les choses que vous aimeriez voir. Il vous offre les choses que vous aimeriez toucher. Il vous donne à manger ce que vous aimeriez goûter.

Lorsque les fraudeurs falsifient l’or, ils le font avec la même couleur qui brille, il en est de même pour le diable qui lorsqu’il veut falsifier l’image de Dieu amour, il recourt aux choses que les hommes appellent amour pour amorcer la confusion, pour brouiller la réalité de Dieu amour dans l’esprit de l’homme. Il joue sur les sensations de l’instinct et de l’affection, sur les liens de l’attachement et sur l’asservissement des habitudes.

Tout l’intérêt du diable vise à empêcher ceux qui marchent vers le Seigneur. Dans votre cheminement, il s’efforce de:

1-     vous dévier du chemin, en vous inventant un but qui vous attire et vous oblige d’aller dans sa direction; ainsi vous errerez et vous égarerez.

2-     vous faire chuter, il vous dresse un piège pour y tomber.

3-     vous faire reculer: il vous fatigue et vous désespère pour capituler; il veut empêcher d’arriver.

 

Tout ce qui rassemble et unifie pour le bien est l’œuvre de Dieu. Par contre, tout ce qui divise et sépare, provient du diable. Il domine l’homme au moyen des choses de la vie. Plus on s’en débarrasse, mieux on s’en protège. Par ailleurs, plus on s’y attache, plus on se soumettrait au pouvoir du mal. Le démon est le seigneur de ce monde, plus on s’y plonge, plus on passe sous son empire; autant s’en débarrasser pour être libre. N’oubliez pas que vous n’êtes pas de ce monde, ne vous vous y noyez pas. Faites-y votre voyage, élevez-vous, vous le soulèverez  au Seigneur,  par la force du Christ suspendu sur la croix.

Au début le diable fait rire l’homme pour le faire pleurer après. Il le conduit à l’enfer en le faisant toujours rire, d’où les pleurs et les grincements des dents. L’homme qui rit maintenant avec le diable, il finira sûrement par pleurer. Dieu vous fait-il pleurer au début? Mais il vous réjouira à la fin. Dieu vous fait pleurer pour vous corriger; le rôle du diable est de vous faire rire pour vous éloigner de Dieu. Lorsque Dieu vous fait rire, le diable intervient pour vous faire pleurer; ne soyez pas dupes.

Le diable hait l’image de Dieu et l’homme qui l’accepte. Il veut déformer cette image en l’homme. Pour ce faire, le seul moyen est d’arrêter l’œuvre  de l’Esprit de Dieu en l’homme; alors, la seule image qui reste est celle de l’animal.

La première arme essentielle contre le diable est la sincérité. Toute parole sincère est une flèche lancée dans le cœur du mal. Toute confession sincère est une lance qui transperce son cœur.

La deuxième arme essentielle est l’humilité; sincérité et humilité signifient confession. Confessez-vous  pour tuer le mal en vous.

Le diable cherche à vous détourner de Dieu. Attention! Il tente de vous dérober à Dieu par les choses de Dieu. Il vous distrait loin du Nom de celui que vous implorez. Il vous distrait de la louange du Seigneur au moyen d’une mélodie, d’un hymne avec lequel vous le louez; il vous distrait de Dieu avec la prière que vous Lui adressez.

Rappelez-vous bien que vous ne pouvez pas affronter le diable si vous ne vous mettez pas à genoux devant Dieu. Le diable ne se sert pas des fenêtres et des lucarnes que vous fermez bien; il passe par la porte ouverte pour la réception.

 

14- Le mouvement et la vie

 Il y a une grande différence entre le mouvement et la vie. L’homme peut être en mouvement sans toutefois vivre véritablement. Aussi peut-il posséder la vie et manquer de mouvement. L’homme est fait de mouvement et de vie. Tout l’univers avec ses galaxies, ses étoiles et ses nombreuses créatures, est en mouvement, mais il n’est pas nécessaire qu’il possède la vie ou que ce mouvement  soit toujours une vie. La vie est seulement en Dieu Créateur. Dieu est la vie.

Tout mouvement dans l’univers est assujetti à la mort, mais la vie est éternelle. Tout mouvement prend fin si grand soit-il, la vie n’a pas de fin.  La vie est éternelle parce que Dieu est la vie. Le mouvement périt mais la vie est impérissable. L’homme a en lui le mouvement et la vie. Le mouvement est déterminé par l’espace et le temps, tandis que la vie n’est limitée ni par le temps ni par l’espace. Le mouvement de l’homme est sujet de mort et prend fin même s’il dure longtemps, mais la vie est éternelle. Le Christ est venu pour nous donner la vie et sanctifier le mouvement en nous. Il nous donne la vie éternelle, parce qu’il est le Fils de Dieu, la vie est de lui. Sans le Christ, notre mouvement est condamné à la mort inéluctable; avec lui, nous avons la vie éternelle. Nous ne pouvons pas être entre les deux; il faut choisir: la mort ou la vie.

Sanctifiez le mouvement qui est en vous au moyen de la vie qui est de Jésus Christ. Ne cherchez pas  à vous éterniser dans ce monde, en prolongeant votre mouvement jusqu’à l’éternité. Car même le temps prendra fin. L’immortalité réside dans la vie éternelle en Jésus Christ. Il n’y a pas de mouvements immortels dans le temps parce qu’il n’est pas éternel.

 

 

15- Toute famille est une Sainte famille

 La famille humaine sur la terre est une image de la famille divine au ciel. C’est elle qui transmet le dessein de Dieu d’une génération à l’autre. C’est elle qui diffuse l’amour de Dieu et sa parole à travers les générations. L’effondrement de la famille signifie l’écroulement du dessein du Seigneur dans l’humanité, c'est-à-dire la rupture du salut et de la sainteté avec les hommes. Toute famille est une sainte famille parce qu’elle est à l’image de Dieu trinitaire. La déformation de la famille signifie la déformation de l’image de Dieu. La famille porte le flambeau et le livre de génération en génération pour que le monde demeure illuminé par la lumière du Seigneur.

La famille est la corde qui lie les hommes les uns aux autres à travers l’histoire pour que l’humanité croisse et se multiplie. Si cette corde est coupée et que l’humanité est séparée de son histoire, les générations s’égareront sans histoire ni identité. La famille donne à l’humanité son identité humaine et y imprime l’image de Dieu. Elle garde la mémoire humaine. Les hommes sans  famille sont une humanité sans mémoire. L’homme dépourvu de mémoire continuera à tourner sur place. L’humanité sans mémoire stagne dans l’histoire et meurt.

La famille est la base dans le dessein du Seigneur et toutes les forces du mal visent à la démolir, car elles savent qu’en la détruisant, elles ébranleront les fondements du dessein de Dieu. La guerre du Malin contre le Seigneur est une guerre dirigée contre la famille. Cette guerre est la base d’une guerre contre le Seigneur parce que la famille est l’image de Dieu. Depuis le commencement de la création de cet univers, le méchant s’acharne à détruire la famille qui est le fondement du dessein de Dieu.

La famille est le lieu où l’homme communique avec Dieu et avec ses frères. Sans elle, cette correspondance serait coupée et rien ne pourrait la compenser, et si l’homme essaie de la réparer  par des moyens humains,  elle deviendrait fragile et tordue, et avec elle, toute l’humanité subirait le mal qui l’inclinerait du côté de la mort inéluctable.

Maintenez vos familles et gardez-les contre les rancunes du méchant par la présence de Dieu. Protégez-la et préservez-la par la prière et le dialogue, par l’entente et le pardon, par la sincérité et la fidélité, et le plus important par l’écoute. Écoutez-vous les uns les autres par les oreilles, par le cœur, par la bouche et par les paumes de vos mains. Éloignez de vos mains les vacarmes du monde parce que comme la tempête enragée et la violence des vagues, quand ils rentrent dans une maison, ils ratissent et détruisent tout. Sauvegardez la chaleur de la famille, car toute celle du monde ne la compense pas.

 

De ce qui reste des Paroles de Saint Charbel

Le bâton du berger sert à guider le troupeau et le protéger contre les loups et les bêtes de la forêt; le bon pasteur, même s’il tient la crosse, doit la considérer comme un bâton; la houlette de chêne devient une crosse dans la main du bon pasteur, et la crosse incrustée demeure dans sa main comme une houlette.

Le dé et le chaudron pleins se ressemblent; que tu sois chaudron ou dé, l’essentiel est que tu sois plein. Cherche toujours la plénitude, quel que tu sois.

Lorsque le monde s’écroule, la vérité se dresse toujours.

Tu ne peux pas rehausser les gens plus haut que toi: tu peux monter pour les attirer vers toi; plus tu montes, attire tes frères à toi; le Christ t’a élevé, lorsqu’il fut levé; tu hausseras tes frères, si tu t’élèves par la puissance du Christ; si tu t’attires vers lui, tu attireras avec toi tous ceux qui sont à tes côtés.

Ne vendez pas vos âmes dans les marchés de ce monde, elles sont très précieuses; quelle qu’elle soit la contre-valeur que le monde vous en paie, elle reste dérisoire par rapport à leur véritable valeur. Ne les vendez pas, car le monde ne peut pas vous en rembourser le prix qui est le sang du Christ, versé entièrement sur la croix.

Le royaume de Dieu n’est pas une fin, mais un cheminement que tu réalises en toi par la puissance de l’Esprit: pas à pas, au fil des jours, et dans les petits détails qui emplissent les moments de ta vie, seconde par seconde.

La méditation consiste à contempler les choses telles qu’elles sont, et non pas telles que tu conçois dans ton esprit, ou bien telles que tu veux qu’elles soient.

Tu aimes ta pensée faite sur la personne et non pas la personne elle-même; tu détestes ton idée faite sur elle et non pas elle-même; méfie-toi, ne juge pas, ne te fais pas d' idées contre quiconque; les préjugés sont des lentilles colorées à travers lesquelles tu vois les autres avec leur couleur et non pas la vraie couleur des autres.

Mets-toi dans la tête la sagesse de la nature, dans le cœur sa beauté, dans l’esprit sa force perpétuelle de renouvellement.

Quand tu commets une faute, reconnais-la; avoue ta peccadille, confesse-la, et corrige-toi comme tu peux; l’erreur avouée te rend grand et ne te rabaisse pas; corrige ce que tu peux corriger; le reste, confesse-le à Dieu qui redressera l’incorrigible par rapport à toi, et compensera l’irrécupérable par toi… Ne justifie pas ta faute par tes bonnes intentions, car elles ne te mèneront pas au ciel; il faut que tes œuvres soient bonnes comme tes intentions; ce qui importe, ce sont les fruits de tes actes et la conséquence de tes discours et non pas tes bonnes intentions; la bonne intention est l’argument de l’ignorant, et l’ignorance ressemble au sommeil dont il faut sortir pour réaliser que l’on dormait. Réveille les endormis et après s’être réveillés, ils comprendront qu’ils dormaient; ne parle pas avec un dormeur, car il ne t’entendra pas; réveille-le avant, puis parle avec lui.

Plus la sainteté croît en l’homme, plus il cesse de la saisir, et lorsqu’il prend connaissance de sa sainteté, elle s’anéantit.

Tourne le mot dans ta tête, comme le jeteur tourne le caillou avec la fronde et ne le lâche que s’il est sûr de viser sa cible; le mot dans ta bouche est comme le caillou dans la fronde; si tu le lances, tu ne pourras plus le récupérer; si ton mot ne vise pas la cible, il nuira; si le mot est inadéquat, il causera du mal. Évite l’usage des mots polyvalents, utilise la parole qui ne porte qu’une seule interprétation; sois un bon exemple au lieu de donner de bons conseils.

Chaque fois que tu vois une faute, corrige-la dans le silence au lieu de reprocher verbalement.

Que la pierre soit dans la nature, exposée au soleil, ou dans la rivière cachée dans l’eau, ou plongée dans le parfum, ou trempée dans l’encens, ou bien enduite de couleur, elle demeure une pierre; la roche ne donne que des moellons, des pierres, des cailloux et du sable; et quoiqu’on la polisse, dans les meilleurs des cas, il n’en sort que de la poussière.

Il faut toujours bien discerner entre tes désirs et tes besoins; l’homme désire beaucoup de choses dont il n’a pas besoin, et lui manquent beaucoup de choses qu’il ne désire pas; ta fortune compte par le peu que tu as et non pas par l’abondance de ta possession; ce que tu crois posséder dans ce monde, c’est lui qui te possède en réalité; ce que tu crois qu’il est sous ta domination dans le monde, c’est lui qui te domine en réalité; toutes les choses dont tu es maître, tu y es l’associé du démon; tu existes dans ce monde pour donner et servir, non pas pour posséder, dominer et commander.

Il y a une grande différence entre l’implication et l’engagement; engage-toi dans l’Église sans t’impliquer dans la communauté.

La direction empruntée est plus importante que la vitesse adoptée; à quoi bonnes ta rapidité et ton accélération si la direction a été mal choisie?

Ne commence rien sur la terre, s’il ne trouve pas sa fin au ciel; ne marche pas sur un chemin qui n’aboutit pas au ciel.

Tes cinq sens sont incomplets, ta sensibilité les complète.

Tu ne peux pas être saint sans devenir homme avant.

Les choses qui s’effectuent en toi sont plus importantes que celles qui se déroulent dans ta vie.

Discerne toujours entre l’occasion et la tentation; saisir l’occasion se diffère de la capitulation devant la tentation; car chercher à profiter d’une occasion est une initiative au bien, tandis que la soumission à la tentation est une dégringolade vers le mal.

Le péché ressemble au poison; pécher c’est prendre du poison; car c’est bien toi qui seras empoisonné; et alors, peu importe le comment tu l’as bu ou la personne qui te l’aura donné; quand tu t’empoissonnes et que tu meurs, il sera vain de blâmer autrui.

L’homme ignorant s’accroche à la poussière jusqu’à ce qu’il devienne poussière; l’homme sage et avisé tient au ciel jusqu’à ce qu’il l’atteigne; l’endroit dont tu es épris, tu y appartiens.

Tout ce qui entre en toi et que tu le reçois, ne t’appartient pas; par contre, ce qui émane de toi et que tu le donnes, c’est tien; ton estime ne réside pas dans ce que tu reçois, mais dans ce qui émane de toi; ce qu’on te donne ne devient pas toi-même, tu seras toi-même dans ce que tu donnes;  tout ce que tu introduis en toi, sans en rien posséder, transforme-le en sainteté émanant de toi, par la puissance de l’Esprit, et il sera capable de te donner tout en possession.

Sur le chemin du Seigneur, si tu recules d’un pas, le démon te fait reculer dix; si tu avances d'un pas, le Seigneur t'aidera à en faire cent.

Celui qui passe toute sa vie à carillonner la cloche de l'Église, ce n'est pas lui qui entrera nécessairement au ciel et sauvera son âme; le meilleur est qu'il entende la cloche de sa conscience quand elle sonne le péché; nombreux sont ceux qui carillonnent la cloche de l'Église pour ne pas entendre celle de leur conscience.

Ne mange pas à satiété, mange pour faire taire ta faim; car l'homme sait quand il n'a plus faim et ignore quand il peut se rassasier. Le rassasiement de l'homme est illimité.

La suavité de la chasteté est plus délicieuse que le saveur sexuel.

Ce n'est pas le vin qui enivre l'homme, c'est toujours l'homme qui se soûle.

 
le couvent de Saint Maron à Annaya, Jbeil, Liban - le tombeau du Saint Charbel
Saint Charbel
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